Diagnostic
(Cet article date de 2022)
Dans mon errance médicale j’ai eu début décembre une évaluation psychiatrique pour suspicion de somatisation qui s’avère être en fait un diagnostic d’autisme. Ce serait à confirmer par un bilan complet mais vu la situation actuelle je pense que je vais m’en passer.
C’est quoi être autiste pour moi (avant la pandémie)? Oui, pour moi, car chaque personne autiste est unique, l’autisme étant un spectre sur lequel chacun d’entre nous se situe à sa propre place. Certains ont des traits légers, d’autres plus prononcés, d’autres très prononcés avec ou sans le syndrome du savant (comme le fameux Rain Man par exemple qui nous cause tant problèmes car il est bien souvent le seul modèle auquel le public de ma génération pense).
Je suis de la génération Asperger, terme maintenant remplacé depuis 2013 par le niveau 1 de sévérité de l’autisme avec l’actualisation du DSM5 (manuel diagnostique utilisé). Selon votre pays, et la France est très en retard sur le sujet car l’autisme y est encore trop souvent perçu comme une maladie mentale (mais je ne vais pas m’étendre là-dessus), vous pourrez lire ou entendre des termes différents, de même dans la communauté, que je découvre, où il y a un débat sur quel ou quel terme utilisé. Pourquoi? Parce que le choix des mots a des implications politiques, sociales, financières, etc. sur les aides accordées ou non…
Donc l’autisme n’est PAS une maladie mentale, n’y provoqué par les vaccins, mais c’est un fonctionnement neurologique différent. J’aime dire pour expliquer cela que mon cerveau à des branchements distincts de ceux des neurotypiques (des non autistes). D’ailleurs, je suspecte ce mode de fonctionnement d’être présent chez d’autres personnes de ma famille. Le manuel mentionné plus haut parle de dyade (deux) autistique et non plus de la triade autistique. Cette dyade concerne deux sphères dans lesquels les personnes ont des troubles plus ou moins prononcés (je répète que nous sommes uniques, que chaque autiste est différent d’un autre).
La première concerne la communication sociale avec (en ce qui me concerne) de la difficulté à initier des interactions sociales et un intérêt diminué pour ces interactions entravée par des altérations de communication (comprendre le langage corporel, les signaux non verbaux, l’intonation, les gestes, le tour de parole, etc.). Et une difficulté à maintenir ces relations sociales. La seconde concerne des comportements répétitifs et restreints tels que (encore une fois pour moi) une inflexibilité de certains comportements, des problèmes d’organisation et de planification. Les intérêts spécifiques en font partie (ceux qui me connaisse savent de quels sujets il s’agit) mais ne sont pas obligatoirement présents, et la perception sensorielle (dans mon cas c’est une hyper sensibilité aux sons, bruits, odeurs, textures, etc.
Hier, j’ai eu ma première séance de psychothérapie que j’ai accepté de suivre pour deux objectifs. J’espère pouvoir mieux dormir (j’ai des nuits non réparatrices donc je suis plus ou moins constamment épuisée), et de tenter un retour au travail quelques heures par semaine avec comme objectif de ne pas refaire un burn out.
Sinon, je pense qu’arriver à mon âge je connais mes forces et faiblesses. Je prends bien trop souvent au pied de la lettre ce que les gens disent (une personne de mon entourage en profite d’ailleurs), je suis souvent incomprise à cause de ma franchise jugée déplacée et impolie alors qu’en fait pour moi c’est toujours dit ou écrit dans le but d’aider (mais mon impulsivité me jouera toujours des tours dans ce domaine). C’est aussi et surtout la capacité de masquer mes traits autistiques pour tenter de m’intégrer au mieux dans certaines situations sociales au prix d’immenses efforts qui coûtent de plus en plus cher au niveau de mon énergie. Les émotions sont aussi problématiques pour moi car je ne sais pas ou peu comment les exprimer, c’est plutôt une intellectualisation dans mon cas.